Tu es revenu à toi-même, dans ce corps faible
et cet esprit de force, qui s’efforce encore. Tu reviens de loin, de ces
régions qu’on ne nomme plus. Tu as laissé sur toutes ces routes des gens, des gens que tu avais crus comme ces sommets de l’Himalaya, éternels.
Mais tu t’es leurré, ils sont partis et tu es avec toi et le reste d’un monde évacué. Tu affronteras
ce qui reste, les détours et les contours. De loin tu penseras à des sourires,
au vert de cet espoir qui t’a laissé, à des filiations qui se sont perdues, à
un corps luminaire qui s’est détourné de ton corps étroit et obscur. Ils reviendront
encore, ces gens, autour de tes pensées, toujours. Il faudra avancer sans, il
faudra être avec, tandis qu’au milieu de, tu te demanderas si, alors que, tout
sera suspendu. Les orages et les tempêtes sont des violences dont tu ne te
méprends plus. Car tu appartiens à la foudre, tu as été prise par l’éclair,
mais tu es devenu ce tonnerre sans grondement, attentif et silencieux. Une
écriture qui foudroie les derniers poèmes, ceux enfouis, ceux qu’on ne
distingue à peine, l’ultime regard de soi à soi, qui est-il ? Une jeunesse
millénaire dans un miroir. Tu te regardes encore. Pourquoi tant de siècles dans
ce visage adolescent ?
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