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samedi 4 février 2012

Batailles.

Tu vois, je reste même si ça n'a plus de sens. Je reste tendue dans le temps qui ne me reçoit plus. J'ai bien essayé de t'expliquer, de tergiverser chaque nuit pour le pour et le contre, pour l'envie et la vie, mais en fin de compte, j'ai arrêté de débattre. Je reste par suspension, par tension unanime d'un corps qui n'est plus que l'infime. Tu peux encore me regarder, voir ma jeunesse pourrir, mes restes partir en fumée. Je ne tiens que par appui; et même si tu ne croyais pas que j'en étais capable, à quoi te sers-tu de me briser par ta voix dans la nuit, cette voix qui ne m'a jamais vraiment appartenu? Tu étais dans mon crépuscule le plus nerveux, tu es revenu à maintes reprise me chercher, me prendre à bras le corps dans les aubes qui me noircissaient. Tu m'as vu tomber, chercher les prises et les reprises, pour ne pas être tant diminuée. Tu m'as vu perdre des batailles, me retrancher dans le lit aux chimères; tu m'as vu aussi être jetée dans les terrains vagues, me dépatouiller avec le rance et l'acidité. J'étais nue dans les tranchées, le corps balloté entre l'aube souterraine et les soirs menaçants. J'ai tenu grâce à des regards, des gestes, parfois grâce à un air de musique dans ma tête, à une épaule d'un personnage de fiction, mais surtout à cette volonté de croire aux rêves, de faire vivre les gens du sommeil, d'ouvrir la porte grand au jardin imaginaire, de laisser les lutins, les trolls, les nains, les fées, les ombres, les habitants du coussin et de coton, faire irruption dans mes douleurs et mes larmes, pour que l'écriture et le livre fassent sens, pour que l'écriture bascule et pour qu'un bref moment elle me délivre. 


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