Il vint vers elle
sans jamais lui dire que l’heure était venue, qu’au-delà et qu’en deça de ce qu’ils
croient la possibilité de venir deviendrait quelque chose de possible.
Dehors sur les limites
de l’horizon quelque chose tanguait encore entre eux, ce silence peut-être, ou
cet avenir qui ne laissait pas de place à l’espace. Leurs deux corps tendus
dans le temps ne se confrontaient plus, restés sans doute la peur et la
solitude d’être à deux. Mais déjà sur les rivages l’eau avait disparu.
Elle est partie
dans la nuit un peu vague, elle pensait qu’à chaque instant qui défilait ce fut
une instance de moins entre eux, que dorénavant les paroles qu’ils avaient
prononcés entre eux ne seraient plus qu’un lointain écho, une bribe du matin et
du soir, jamais reliés. Elle se liait maintenant au vent et à l’espace de la
nuit, elle allait rejoindre le silence d’une autre pièce, et derrière la porte
qui resterait parfois entrouverte, le corps inerte serait dépendant de ce
dialogue perdu et disparu.
Il fait
trop de fois l’aller et le retour, vers elle et vers lui-même, retrouvant dans
les pas de l’autre la trace de ce qui est manquant. Il s’allonge sur le lit et
l’image de son corps cloué et immobile le hante. Aura-t-il la force de se
retirer de ce corps, d’oublier qu’il y a eu correspondance avec elle, qu’elle a
su le toucher mais toujours s’éloigner, dans cette distance relative et
partielle qui ont fait de leurs personnes une union solitaire, une parole
absentéiste qui s’exprime encore, dans les songes disparates et dispersés des
nuits rêveuses.
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