Dans cette chambre
aujourd’hui toujours plus pâle qu’hier, il y a cette envie de se quitter qui résonne
jusqu’au dehors, contre les réverbères. C’est l’automne sans bruit et sans
histoire. Des chapitres de feuillage qui s’ébruitent mais qui n’ont d’autre fin
que la tombée. Je me sens passée. Archivée. Faut-il aller jusqu’à le dire ou
bien seulement s’en délivrer ? Dans ma tête j’ai toujours pris la précaution de
savoir ce qu’il fallait faire au moment clef. Effacer les pensées écrites sur
mon ordinateur, des poèmes qui ont tout de personnel et rien de poétique;
mettre une lettre déjà écrite sur le coussin de mon lit; le testament très bref
d’une vie trouée et défaite; commander un billet aller pour une direction de
racine et de bout de terre; préparer mon sac en bandoulière avec un peu de
liquidité pour survivre quelques derniers jours, et tout est prêt.
La seule pensée de
savoir que ce plan quelque peu romanesque et niais demeure cependant prévu me
soulage déjà, me donne presque envie de vivre pour quelques mois, pour quelques
années encore. Mais tout est toujours une question de temps, de limite, et
profondément de frontière, entre soi, et la possibilité de se déprendre de soi.
L’impossibilité de mourir semble le plus grand des barrages. Cette infime
limite est la plus difficile à définir, et à se définir.
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