Quand on est
malade on perd parfois le sens du respect et des valeurs, on se permet tous les
droits et l’on en use jusqu’à en mordre tous les voisins. On est irritable et
irritant, hagard et dégoûtant, jaunâtre et acariâtre. Les nerfs bouillent en
nous comme une cervelle déglinguée. On mange des repas sans sentir leur goût, l’impression
d’avaler des langues de vipères et des tripes de cochons. On se trimballe à
moitié valsant dans les rues avec des vêtements d’hypocrites et des sourires
meuglants. Nos godasses aux lacets pendouillants se heurtent à tous les recoins
; on se cogne à soi et aux autres dans des intimités âcres et volubiles. On met
des pulls trop grands et on se laisse errer, la liberté introuvable des allées
peuplantes et impossibles. La nuit nous démantèle os par os, on est crevards
dans les soirs qui se dessoûlent peu à peu, mais l’on s’écoule encore le long
des caniveaux, écoutant les plaintes des mourants comme on écouterait la lune
se pendre du haut de ses kilomètres grandissant.
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